Tenkodogo : Il délivrait des permis de conduire illégalement

Publié le jeudi 25 juin 2015 à 22h59min

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Fin de parcours pour O.A. et ses acolytes, spécialisés dans la délivrance illégale de permis de conduire. Idem pour les meneurs de la révolte ayant conduit à la destruction de biens à la brigade territoriale de Ouargaye. Ils ont tous été présentés à la presse ce 25 juin 2015 par le commandement de la compagnie de gendarmerie de Tenkodogo.

Au Burkina, il n’y a pas que les fraudeurs d’huile, de pâtes alimentaires, de vinaigre ou de thé périmés. Il existe hélas, des indélicats qui préfèrent se rabattre sur le deal du permis de conduire. Pour obtenir le précieux sésame, nombreux sont ceux qui préfèrent passer par la courte échelle. Comme dit l’adage, « la fin justifie les moyens ». Egalement, la loi du Talion « Œil pour œil, dent pour dent » tend à se généraliser depuis peu. Les populations veulent désormais se faire justice elles-mêmes, quitte à payer les pots cassés plus tard.

319 permis de conduire découverts

Agent en service à la Direction régionale des transports du Centre-Est, le Sieur A.O s’est bâti une forte réputation avec ses 4 complices responsables d’Auto-écoles. Subtilement, il parvenait à imiter presqu’à la perfection la signature du directeur régional Désiré Thiombiano pour délivrer des autorisations provisoires de conduire à ses clients qui avaient soit échoué au code, au créneau ou à la conduite. N’eut été la vigilance et le professionnalisme de M. Thiombiano qui soupçonnait le fautif, il aurait pu se tailler une petite fortune car il recevait entre 31000 et 200000 F CFA pour chaque service rendu. Bien qu’ayant été averti au début, O.A a eu le ventre plus gros que la raison. Et comme l’appétit vient en mangeant, il n’a pu mettre fin au deal. Informée par le DR de ce qui se tramait, la brigade de recherche de la gendarmerie de Tenkodogo, découvre 319 permis de conduire et récupère 2 permis chez leurs titulaires.
Selon le capitaine Almissi Savadogo, les investigations se poursuivent au-delà de la région du centre est, et les détenteurs des « faux-vrais » permis sont tenus de « les restituer dans les meilleurs délais autrement dit, leur découverte à des poursuites judiciaires ». En attendant, O.A et sa bande risquent une peine de 10 à 20 ans, car susceptibles d’être poursuivis pour « Faux en écriture publique ou authentique », de corruption et d’enrichissement illicite. Cette affaire rappelle étrangement celle de l’Agent de l’ONATEL arrêté pour être à la tête d’un réseau de vendeurs de clés de connexion internet à navigation illimitée.

Ils risquent entre 5 à 10 ans de prison

La seconde affaire est relative au saccage de la brigade territoriale de Ouarkoye le 16 juin dernier. 15 personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles le frère du fraudeur dont la mort a marqué le début des événements. En effet, alors qu’ils revenaient d’une patrouille de sécurisation de l’axe Comin-yanga – Ouargaye dans la nuit du 15 juin, trois gendarmes étaient suivis par plusieurs fraudeurs à moto. Après que les pandores se soient arrêtés, ce fut la débandade chez les noctambules. Malheureusement, l’un d’eux se retrouvera par terre sous le poids de cartons de piles. Conduit à la brigade, ce dernier sera interrogé puis relâché le lendemain.

Quelques heures après, la brigade apprend le décès de celui à qui elle avait accordé l’asile la veille. A partir de là, les choses iront très vite. Accusant les gendarmes d’être à l’origine de ce drame, des manifestants refusent que ceux-là fassent les constatations en lieu et place de la police. Estimés à près de 400 personnes, les révoltés transportent le cadavre à la brigade de Ouargaye pour l’y enterrer. Deux pandores étaient sur les lieux. Mais sentant le danger, ils se refugieront à l’intérieur du bâtiment pour échapper aux jets de pierres de la foule déchainée.
Un renfort en provenance de Tenkodogo fut dépêché. Des négociations sont entamées et les manifestants exigent la restitution des engins ainsi que des produits saisis. Ce qui fut fait. Mais le comble viendra lorsqu’ils réclament « la tête » des deux gendarmes réfugiés, afin d’apaiser leur colère. La requête n’aboutit pas et le saccage commence…
« Nous sommes dans un Etat de droit. Si la loi est bafouée, nous serons sur le terrain pour ramener l’ordre », maintient le Capitaine Savadogo, Commandant de la compagnie de Gendarmerie de Tenkodogo. Des convocations furent envoyées aux 15 « meneurs » qui refusèrent d’obtempérer. Ils ont donc été placés en garde à vue avant d’être transférés chez le procureur du Faso. Les enquêtes se poursuivent et le pistolet automatique arraché par les manifestants reste introuvable.

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net

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