Défis sécuritaires au Burkina : Le Mouvement Tengembilum Tamassira échange avec les Forces-vives de la région du Centre-est

Publié le mercredi 17 octobre 2018 à 00h21min

PARTAGER :                          
Défis sécuritaires au Burkina : Le Mouvement Tengembilum Tamassira échange avec les Forces-vives de la région du Centre-est

Après les régions du Centre-nord, Centre-ouest, c’était au tour du Centre-est d’accueillir la conférence publique du Mouvement Tengembilum Tamassira (MTT) sur le thème : « Citoyenneté et gouvernance de la sécurité ». Ce dimanche, 14 octobre 2018 à Tenkodogo (chef-lieu de la région), c’est le professeur Augustin Loada, délégué général de ce mouvement de la société civile lancé en juillet dernier, qui a entretenu le public de la localité sur le sujet sus-formulé. Tout comme dans les autres régions, l’activité a aussi servi de cadre pour la mise en place des démembrements locaux du MTT.

Dans cette cité également, les populations étaient au rendez-vous. C’est donc dans cette mobilisation des différentes couches socio-professionnelles, que les responsables du MTT ont campé le décor de la conférence publique. Le principal intervenant, Pr Augustin Loada, délégué général du MTT, va d’abord rendre un hommage aux Forces de défense et de sécurité (FDS) dans leur mission de défense de la patrie, au prix de leur vie. S’en est suivie une présentation générale du Mouvement Tengembilum Tamassira, lancé en juillet 2018.

Mouvement apolitique à but non lucratif, le MTT veut contribuer à l’émergence de citoyens responsables, œuvrant collectivement pour construire l’Etat-nation. C’est dans cette volonté de contribuer à l’œuvre d’édification que, le MTT s’est assigné pour missions, entre autres, de travailler à l’éveil des consciences et au renforcement de la conscience citoyenne.
C’est dans cette vision globale que s’inscrit également ces communications publiques sur la participation citoyenne à la lutte contre l’extrémisme violent auquel fait face le pays depuis un moment. Un phénomène qui sape les efforts de développement et met à mal la cohésion sociale.

Plain-pied dans le thème, Pr Augustin Loada a d’abord situé son auditoire sur le concept de « citoyenneté », en montrant que c’est un rouage essentiel de la démocratie. Il a ensuite expliqué la notion de « sécurité » avant de souligner l’importance pour les individus de s’engager dans la gestion des affaires de la cité, en s’intéressant à la manière dont le pays est géré. Autrement dit, en s’intéressant à la gouvernance du pays.

« Nous avons estimé que dans cette perspective-là, il fallait prendre en compte aussi la question sécuritaire ; parce que ce n’est pas une question qui est réservée aux seuls professionnels de la sécurité. En tant que citoyens, nous devons nous impliquer dans la gouvernance de la sécurité ; d’abord, en apportant notre soutien aux FDS, mais aussi en exigeant qu’il y ait une bonne gouvernance dans ce secteur », a situé le délégué général du MTT. S’il y a une implication citoyenne, a-t-il poursuivi, c’est la sécurité collective qui gagne en efficacité.

La bonne gouvernance, un élément indispensable !

Selon le constitutionnaliste, la question sécuritaire requiert donc la contribution de tous, tout en faisant en sorte à ne pas porter atteinte à la mission régalienne de l’Etat en la matière. Ainsi, dit-il, les acteurs non-étatiques (sociétés privées, groupes d’auto-défense, les citoyens…) peuvent participer au dispositif sécuritaire, en apportant leur contribution, notamment aux Forces de défense et de sécurité (FDS), en décourageant les initiatives individuelles tendant à la radicalisation et en apportant les informations stratégiques aux professionnels de la sécurité.

« En participant, cela fera que le pays soit mieux armé ; pas seulement sur le plan opérationnel, mais aussi sur le plan moral pour faire face aux défis qui lui sont imposés par les groupes extrémistes », a encouragé le communicateur.

Fort de l’analyse de la situation, le MTT a, à son lancement, engagé également une initiative de pétition qui vise à manifester une solidarité vis-à-vis des victimes (militaires comme civiles) des attaques. L’initiative se veut, à terme, un dispositif institutionnel cohérent et articulé non seulement à l’appui financier qu’on peut apporter, mais aussi à d’autres formes d’assistance (sanitaire, juridique, psychologique, etc.).
Au seuil des 15 000 signatures requises, le Mouvement fera donc une proposition de loi au niveau de l’Assemblée nationale pour une mise en place de ce dispositif institutionnel de solidarité. « Si tous ces dispositifs sont mis en place, ils seront présentés au parlement pour examen », rassure l’enseignant.

L’exposé du communicateur, qui a fait ressortir les causes probables des attaques, a donné lieu à de nombreuses réactions des participants.

Ainsi, pour le colonel à la retraite, Léonard Zouré, « l’importance de ce thème-là n’est plus à démontrer ». Selon le participant, deux raisons tiennent à son analyse. « La première est que vous ne pouvez pas trouver une nation sans bonne gouvernance et sans sécurité se développer. Ce n’est pas possible. La deuxième est que nous sommes dans un contexte d’insécurité absolue, actuellement. En Europe, on aurait de la zone rouge ; nous sommes en zone rouge sur le plan sécurité, compte-tenu du niveau intellectuel et du niveau d’avertissement de nos populations », scrute Léonard Zouré.

Pour l’intervenant, ce thème doit être démultiplié au niveau des établissements secondaires, des groupes cibles, pour pouvoir donner la chance à chacun de comprendre ce qu’est la sécurité, ce qu’il faut faire pour assurer la sécurité. « Il y en a qui pensent que pour assurer la sécurité, il faut une armée forte... Non, ça dépasse cela, ça commence d’abord par la bonne gouvernance », retient-il de la communication.

En attendant de mettre le cap sur les autres régions dans les jours à venir, le MTT a procédé à l’installation de ses démembrements locaux dans les collectivités territoriales du Centre-Est.

O.L
Lefaso.net

PARTAGER :                          
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique