Education : La région du Centre-Est veut en finir avec les infrastructures éducatives sous paillotes

Publié le dimanche 14 mai 2017 à 23h13min

PARTAGER :                          
Education : La région du Centre-Est veut en finir avec les infrastructures éducatives sous paillotes

Des écoles et des collèges d’enseignement général (CEG) sous paillotes, il n’en manque pas dans la région du Centre-Est. Erigées pour pallier au manque d’infrastructures scolaires, ces écoles de fortune, loin des commodités des salles classiques, ne réunissent pas toutes les conditions nécessaires à l’apprentissage de l’élève et à l’accomplissement de la mission de l’enseignant.

Trois hangars à peine couverts de pailles, de sachets, complétés de sac de riz en guise de bâches, clôturés de seccos, avec un tableau de classe sur chevalet. Nous sommes au Collège d’enseignement général de Zano, localité située à une quinzaine de kilomètres de la commune de Tenkodogo, sur l’axe Bittou-Tenkodogo. Là, nous avons découvert un CEG sous abris précaire.

Fort de ses 252 élèves et 3 enseignantes, le CEG abrite trois salles de classe, notamment des classes de 6ème, 5ème et 4ème, à l’intérieur desquelles , s’entassent 3 à 4 élèves par table banc. « C’est assez difficile d’étudier dans ces conditions. Il manque des tables bancs, les bâches sont déchirées, les paillotes sont couteux, il y a trop de soleil et chaque fois, nous sommes obligés de déplacer les tables bancs à la recherche de l’ombre » fulmine Safiatou Kéré, une élève de la classe de 4ème.

Et que dire de ces jeunes enseignantes qui doivent braver le danger : « Plusieurs fois, j’ai retrouvé des serpents à l’entrée de la classe » a confié Neïmatou Ilboudo/ Ouédraogo, professeur d’anglais. Puis de poursuivre : « On est dans des réalités qu’on ne croyait pas du tout, pas de salles de classe, trop d’ouvertures, beaucoup de vent, surtout durant le mois de février. Nous sommes obligées de crier pour nous faire entendre. Le nombre pléthorique des élèves est aussi une grande difficulté, parce qu’il n’est pas évident de les surveiller lors des devoirs ».

Koumbou Victorine Bassolet/ Denné, professeur d’histoire –géographie et de français ne dira pas le contraire. Dans cette école de fortune, où elle assure la formation de l’élite burkinabè de demain, dame Bassolet dit craindre une baisse des performances de l’enseignant en raison des mauvaises conditions de travail. ‘’ Les élèves ne disposent pas de manuels scolaires et il très difficile d’épuiser le programme. Et vu l’état des salles de complexe, nous n’arrivons pas à assurer la discipline. Certains quittent ou rentrent dans les salles de classe sans que nous nous en rendions compte ».

Et si les élèves ne disposent pas encore de salles de classe, ce n’est pas l’administration qui peut s’offrir le luxe de disposer d’un bureau. A Zano, c’est un magasin qui sert à la fois de bureau au directeur du lycée, au surveillant et à l’économe. A ce sujet, l’économe Rébecca Minoungou nous confiera que le fameux bureau appartient au directeur du lycée, qui a bien voulu mettre son local à la disposition de ses collaborateurs.

Une école classique à la rentrée prochaine ?

A Zano, ce CEG sous paillotes sera bientôt un souvenir. En effet, sur le même terrain, pousse une école classique de 4 salles. Débuté en novembre 2016, le chef de chantier, Hermann Tougma, promet de remettre les clés du bâtiment d’ici la rentrée prochaine. Et si la finition des travaux était d’abord annoncée pour mars 2017, monsieur Tougma justifie son retard par l’indisponibilité des ouvriers et l’absence de moyens financiers. « Nous allons terminer les gros œuvres d’ici la fin de la semaine. Les élèves seront dans les salles de classe à la rentrée prochaine » a-t-il rassuré.
Un magasin de céréales transformé en salle de classe

Au CEG de Silenga, dans la commune d’Andemtenga, le constat est encore plus triste. Les élèves de la classe de 6ème, au nombre de 54, reçoivent leurs cours dans un magasin de céréales offert par les habitants du village. Ceux de la 5ème dans une classe sous paillotes, et les élèves en classe de 4ème, dans le seul local dont dispose le CEG. A ce propos, le directeur Mimetiri Birba confie avoir trouvé à son arrivée en 2015, seulement 1 table et 12 tables bancs. Le reste, dit-il, il a fallu emprunter à deux écoles primaires du village. Des difficultés, monsieur Birba ne tarde pas à nous en énumérer. « Je ne sais pas par où commencer. Non seulement, il n’y a pas de salle de classe, il n y a pas de bureau pour l’administration. Notre bureau, c’est juste un table banc que nous avons déposé derrière le magasin » a-t-il lancé, consterné.

Avec seulement 2 professeurs titulaires (mathématique /STV, Français /anglais) le collège est obligé d’avoir recours à la vacation. Une vacation pour laquelle, le directeur peine à honorer les frais et à offrir les commodités d’un centre d’enseignement moderne. « Il n’y a pas de matériel de travail. Il y a eu des cas où les professeurs ont refusé de travailler parce qu’il manquait de craies, une chaise, un sceau d’eau ou même un tableau » a t-il indiqué, soulignant que l’établissement ne dispose pas d’un professeur d’éducation physique et sportive. .

Vivement que des efforts soient faits afin d’améliorer les conditions de vie des braves instituteurs à l’image de celle de Zano, car des CEG sous paillotes qui doivent être remplacés par des écoles classiques, il en existe en nombre élevé. A ce titre, les élèves et les enseignants de Silenga pourraient être soulagés car le CEG fait partie des infrastructures scolaires qui doivent être construites et équipées dans le cadre du programme présidentiel.

Selon le directeur provincial de l’éducation nationale et de l’alphabétisation de Tenkodogo, Charles Yougbaré, la province du Boulgou enregistre plus d’une centaine d’écoles sous paillotes. « Il existe toujours des programmations de 2015 qui n’ont pas encore été exécutées. Il y a des établissements en souffrance, notamment celui de Zabga, de Lenga, de Pakala, de Béguédo, le CEG du secteur 2 de Tenkodogo … » a-t-il affirmé.

Des préoccupations, le directeur provincial de l’éducation nationale et de l’alphabétisation de Tenkodogo en a aussi. Il s’agit notamment du retard observé dans la réception des frais de vacation. « A ce rythme, les enseignants du post primaire risquent de prendre en otage les bulletins de fin d’année. Nous attendons ce fond depuis janvier. Il y a aussi les frais des élèves admis à l’entrée en 6ème et placés par l’Etat dans les établissements privés qui nous ont pas encore parvenu » a-t-il déclaré.

Notons que dans le cadre du programme engagé par le président du Faso pour venir à bout des écoles sous-paillotes, ce sont au total, 310 nouveaux collèges post primaires, 45 centres de formations techniques et professionnels, 20 lycées professionnels, 286 nouveaux lycées et 13 lycées scientifiques, qui verront le jour avant la fin du quinquennat, dans les chefs-lieux de régions.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

PARTAGER :                          
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique