Crise au lycée de Tambogo : Que de temps perdu !

Publié le vendredi 12 mai 2017 à 16h17min

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Crise au lycée de Tambogo : Que de temps perdu !

Alors que l’année scolaire tire à sa fin, le lycée de Tambogo, département d’Ademtenga, dans la province du Kouritenga, avec ses 359 élèves, est secoué par une crise qui oppose les élèves à leur proviseur, paralysant ainsi les activités pédagogiques. Ce mouvement d’humeur entamé depuis le 19 avril 2017, serait parti de l’annulation de l’examen blanc. Le mercredi 10 mai 2017, nous avons rencontré le proviseur du lycée, Jean -Baptiste Ouédraogo. Séquestré à deux reprises par ses élèves, c’est un monsieur visiblement remonté que nous avons rencontré à son domicile, à Pouytenga. Mais, aux dernières nouvelles, l’année scolaire pourrait être sauvée.

Si les jours sont comptés pour les élèves en classe d’examen, il n’y a plus eu véritablement cours au lycée public de Tambogo, depuis le 19 avril 2017. A en croire le proviseur du lycée, Jean -Baptiste Ouédraogo, tout aurait commencé avec l’annulation de l’examen blanc par le conseil de classe du 20 mars 2017. ‘’L’ensemble du conseil a décidé de l’annulation des examens blancs au cours de cette rencontre. Nous avons pris acte qu’il n’y avait pas de liquidité pour tenir ces examens. Les professeurs ayant signifié qu’ils ne pouvaient pas faire le travail à crédit’’ a-t-il noté, soulignant que les professeurs avaient demandé la somme de 40 000 francs CFA pour leur prise en charge, 5000 francs pour toute proposition du sujet du BAC et 3500 francs pour chaque proposition du sujet du BEPC. Soit un budget total de 856 000 francs CFA. Notons que l’établissement compte 60 candidats pour le BEPC et 13 pour le BAC D.

Informés de cette décision à la rentrée du troisième trimestre, les élèves et leurs parents, notamment par le biais de l’association des parents d’élèves, demandèrent à l’administration de plaider auprès des professeurs, mais ce fut sans gain de cause. « Les professeurs sont restés sur leur position. Nous avons épuisé toutes nos ressources à faire fonctionner l’établissement, particulièrement à payer la vacation des professeurs. Nous ne disposions plus d’argent suffisant pour organiser l’examen blanc » a indiqué Jean-Baptiste Ouédraogo. Puis de poursuivre : « Avec le temps, l’annulation de l’examen était consommée, nous étions à une période où l’organisation des examens blancs ne serait plus bénéfique pour les élèves ».

‘’J’ai été séquestré’

Le 14 avril 2017, Jean-Baptiste Ouédraogo confie que les élèves ont d’abord manifesté pour réclamer l’organisation de l’examen blanc, mais dit-il : « je leur ai fait savoir que j’étais toujours dans la même situation d’incapacité de payer. C’est ainsi que le 19 avril, ils m’ont séquestré de 8h à 11h30, réclamant la tenue du BAC blanc. C’est grâce à une mission conduite par le haut-commissaire, que j’ai été libéré » a-t-il déclaré.

L’autorité ayant instruit la hiérarchie d’entreprendre les démarches pour résoudre cette crise, la direction provinciale de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (DPENA) de Koupéla, a échangé avec les différents acteurs les 21, 24 et mardi 25 avril, mais « les professeurs ont refusé de faire le travail à crédit à la suite de la demande du DPENA » a-t-il souligné.

Ainsi, les élèves s’étant rendu compte qu’il n y’avait plus de possibilité pour la tenue des examens blancs, ont fini par se résigner, mais « ils ont exigé le remboursement immédiat de la cotisation spéciale. Il se trouvait qu’on avait déjà utilisé cet argent pour payer la vacation, étant donné qu’on s’imaginait que l’argent de la vacation pouvait tomber à tout moment, mais malheureusement et jusqu’à aujourd’hui, ce n’est pas le cas » a-t-il déploré. Il s’agit notamment de la sommede 478 500 francs CFA, soit 1500 francs / élève (Une cotisation d’environ de 200 élèves).

‘’Les élèves ont purement vidé la salle’’

Puisque le remboursement de la cotisation spéciale était la seule condition posée par les élèves pour la reprise des cours, le proviseur confie, sous le couvert des autorités, avoir pris des initiatives pour mobiliser la somme nécessaire. A ce propos, il soutient : « Le vendredi dernier, nous voulions entamer le remboursement de l’argent mais les élèves ont manifesté un comportement qui a freiné notre action » a-t-il dévoilé, avant d’ajouter que : ‘’ L’intendante n’étant pas encore présente, les élèves sont venus me demander s’ils allaient être remboursés. Je leur ai dit oui, mais avant qu’elle n’arrive, ils sont sortis des salles de classe, j’ai voulu leur faire comprendre que je ne peux pas travailler dans ces conditions (…) j’ai été de nouveau séquestré ».

Face à cette situation, une mission de la DPENA s’est rendue sur les lieux mais une fois de plus, dit-il : « lorsque la mission conduite par le DPENA est arrivée sur les lieux, les élèves n’ont pas voulu entendre raison. Ils ont purement vidé la salle et laissé la délégation de la DPENA. Nous avons été conduits, l’intendante et moi à Pouytenga et depuis ce jour, nos engins y sont restés ».

Enfin une solution ?

Selon Jean-Baptiste Ouédraogo, dans la matinée du mercredi 10 avril, une mission commanditée par le haut-commissaire et conduite par le préfet du département d’Ademtenga, est allée demander aux élèves de reprendre les cours. Et ce, dans la mesure où la direction régionale se chargeait de récupérer la cotisation spéciale lorsque la subvention parviendrait à l’établissement, la dite somme sera reversée directement aux parents d’élèves. « Les élèves ont refusé, ils exigent toujours leur agent » a-t-il lancé.

La fameuse somme destinée au remboursement de la cotisation spéciale étant d’ailleurs disponible dans la soirée de ce mercredi 10 avril, Jean –Baptiste Ouédraogo a souligné : « L’argent est disponible et les autorités vont trouver un mécanisme pour leur restituer la dite somme ».

Après cette crise, le proviseur du lycée de Tamboga reste perplexe quant aux performances de son établissement aux examens nationaux. « Cela fait 3 ans que je suis dans cet établissement, on a toujours eu un taux de succès qui dépasse le taux national, mais avec ce qui se passe, je ne suis plus sûr » a-t-il-regretté, notant que le grand plus perdant dans cette crise sont les élèves. On inscrit aussi dans ce triste bilan, des parents d’élèves mécontents. Surtout, lorsque certains parents- d’élèves « ont failli se faire lyncher » par leurs propres enfants lorsqu’ils ont voulu intervenir dans la crise.

Une situation qu’on aurait pu éviter, de l’avis de Jean -Baptiste Ouédraogo. « Si l’argent de la vacation nous était parvenu à temps, je n’allais pas avoir des problèmes dans mon lycée. Je demande aux autorités de faire un effort à ce niveau. Autrement, il nous faut des encadreurs en nombre suffisant » a-t-il conclu.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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